Aromathérapie et neuroscience

Une revue sur la littérature scientifique à propos de l’influence des odeurs sur le cerveau a montré que les états émotionnels positifs suscités par des souvenirs évoqués par des odeurs peuvent améliorer les réponses psychologiques et physiologiques et réduire le stress [35,36,43]. De plus, grâce aux interactions psychoneuroimmunes, les qualités émotionnellement positives des souvenirs évoqués par des odeurs semblent capables de réduire l’inflammation [36,37]. L’inflammation est à la base de la majorité des états pathologiques et des décès prématurés [63]. Ainsi, exploiter la puissance des souvenirs évoqués par des odeurs positives a des implications considérables pour la santé.

Toute odeur qui, pour un individu donné, évoque un souvenir autobiographique heureux a le potentiel d’augmenter les émotions positives, de diminuer les humeurs négatives, de perturber les envies, de réduire le stress et de diminuer les réponses immunitaires inflammatoires, et ainsi d’avoir un effet bénéfique général sur le bien-être psychologique et physiologique. Les souvenirs évoqués par des odeurs peuvent également être capables de stimuler des émotions spécifiques, telles que la confiance en soi, la motivation et la vigueur, et ainsi dynamiser le comportement en fonction des émotions spécifiques qu’une mémoire olfactive évoque. Par exemple, une odeur qui déclenche le souvenir d’avoir gagné une course importante pourrait inspirer tous ces états et provoquer des conséquences physiologiques positives. De plus, la résistance particulière à l’interférence rétroactive, qui est fondamentale pour la cognition olfactive, peut rendre une odeur spécifique liée à un événement personnel passé significatif extrêmement fiable en tant qu’agent thérapeutique.

La valeur thérapeutique potentielle des souvenirs évoqués par des odeurs n’est pas une preuve de l’aromathérapie — la proposition générale selon laquelle divers arômes à base de plantes ont la capacité d’influencer l’humeur et le bien-être — qui s’est le plus souvent aventurée sans succès dans le domaine thérapeutique en raison d’un manque de rigueur scientifique et de confusion concernant les mécanismes impliqués [90]. En réalité, lorsque les odeurs sont capables de provoquer des changements émotionnels et physiques, cela est dû aux émotions, souvenirs et associations qui ont été liés à une odeur à travers des expériences personnelles passées, et qui sont ensuite évoqués lorsque l’odeur est rencontrée, et les réponses psychologiques et physiologiques liées à l’odeur sont réitérées [45,47]. C’est de cette manière que les souvenirs évoqués par des odeurs ont été empiriquement vérifiés pour modifier les états émotionnels, mentaux et physiques, et comment ils peuvent être utilisés dans des applications thérapeutiques.

Une compréhension méthodologiquement solide des mécanismes qui déclenchent des réponses bénéfiques grâce aux souvenirs évoqués par des odeurs rend plausible l’implémentation de ces souvenirs comme traitement complémentaire pour de nombreuses affections. Par exemple, en plus des manipulations impliquant des souvenirs évoqués explicitement par des odeurs, des associations olfactives peuvent également être utilisées de manière implicite pour modifier le comportement de manière saine, comme Gaillet et ses collègues l’ont montré avec les choix alimentaires [91]. Les recherches futures devraient désormais utiliser cette base empirique pour explorer les paramètres précis impliqués. De plus, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour enquêter systématiquement sur la manière dont les souvenirs autobiographiques évoqués par des odeurs peuvent être utilisés de manière thérapeutique dans des conditions allant de la dépression à la dépendance en passant par l’inflammation systémique, à la fois à court terme et à long terme. Ce travail devra également prendre en compte des questions d’exposition aux odeurs, telles que l’adaptation, l’habituation, l’activation trigéminale et le moment de la journée, ainsi qu’un certain nombre de caractéristiques individuelles telles que l’expérience idiosyncrasique, le sexe, l’âge, la génétique et la personnalité.

La nature particulièrement émotionnelle des souvenirs évoqués par des odeurs ramène notre passé à nous de manière plus viscérale et plus immersive que tout autre type d’expérience de mémoire. Cette caractéristique exceptionnelle de l’olfaction est illustrée de manière poignante dans le cas tragique où une personne perd soudainement son odorat lors d’un accident et, avec lui, sa connexion à elle-même et aux autres, son bien-être émotionnel et sa qualité de vie globale [48,92,93]. De nombreuses perspectives montrent clairement que les souvenirs autobiographiques et les associations émotionnelles déclenchés par les odeurs sont essentiels à notre santé psychologique et physiologique.

Ainsi cet examen de la littérature scientifique sur l’impact des odeurs sur l’être conduit à la conclusion que les odeurs qui évoquent des souvenirs autobiographiques positifs ont le potentiel d’augmenter les émotions positives, de diminuer les états d’humeur négative, de perturber les envies avec un potentiel de modifier les comportements, et de réduire les indicateurs physiologiques de stress, y compris les marqueurs systémiques de l’inflammation.

Etrait traduit de The Role of Odor-Evoked Memory in Psychological and Physiological Health de Rachel S. Herz, Elizabeth Race, Academic Editor https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5039451/

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